L’expression des libertés perdues
Dans l’article précédent, je vous ai sommairement présenté notre singe, notre « cerveau émotionnel » et l’impact de nos valeurs sur notre vision du monde et sur notre manière d’opérer, si vous ne l’avez pas lu, je vous y invite ici.
Aujourd’hui, nous resterons en compagnie de ce primate tout feu tout flamme pour aborder un concept important lorsque nous opérons sur les marchés financiers : nos libertés perdues.
Le singe est notre centre décisionnel par défaut. Tous nos automatismes, tout ce que nous considérons comme « bien » ou « mal », toutes nos émotions font partie du singe. Pour ceux qui aiment appeler les choses par leur nom, c’est le territoire néo-limbique de notre cerveau. Flexible, mais pas trop, en apprentissage constant, mais difficilement ; le singe est peu comme un cancre indiscipliné.
Depuis notre naissance, nous apprenons des règles, principalement sociales, afin de vivre en cohésion avec les autres singes. Ces règles implicites ou explicites visent à construire une société propice à l’épanouissement et à la sécurité de l’individu.
« La liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres » pourrait assez bien résumer le processus général. Ainsi, le jeune enfant pers progressivement un grand nombre de libertés : se balader tout nu ; mettre le doigt dans son nez, etc… L’homme, étant un animal social, a besoin de vivre avec « l’autre » et les pertes de libertés sont souvent aidantes pour l’individu autant que pour la société.
Toutefois, nous perdons parfois, par mégarde ou maladresse, des libertés nécessaires à l’assouvissement d’un besoin.
Prenons un exemple : disons que je doive faire un Paris-Toulouse en 2 heures et que j’ai perdu la liberté de prendre l’avion… J’ai un vrai problème. Je vais prendre la voiture, je vais rouler très vite, me fatiguer, me mettre en danger, me stresser et quoique je fasse, je n’y serais jamais en 2 heures. J’aurais mis une énergie folle pour y parvenir, mais cela restera insuffisant.
Lorsque nous perdons une liberté nécessaire à un besoin réel, nous rentrons dans un mécanisme d’hyper investissement, avec la sensation que cela ne sera jamais suffisant. Toute l’énergie, tout le temps, toutes les ressources que nous pouvons mettre dans ce comportement de substitution laissent malgré tout un goût d’inachevé, d’insuffisant, ce n’est pas assez.
Colère, insatisfaction, frustration, fatigue, démotivation voire même dépression profonde ; les libertés perdues peuvent nous pousser dans des endroits bien sombres de notre conscience.
Prenons l’exemple si courant de la reconnaissance et de l’estime de soi : Je n’ai pas une bonne estime de soi, donc j’ai besoin d’être valorisé dans le regard de l’autre, mais j’ai perdu la liberté d’aller chercher cette valorisation.
Certaines personnes ne parviennent pas à dire qu’elles sont belles, intelligentes ou fortes, lorsqu’on leur demande leurs qualités, elles ont l’air mal à l’aise, un ange passe et puis elles se mettent en mode « entretien d’embauche » : « Mes qualités, je suis curieux, adaptable, je m’intègre facilement… » Le sourire en coin et le regard fuyant, elles sont mal à l’aise.
Si nous gardons cet exemple, voyons ce qu’il peut se produire lorsque le trader est devant sa station (prenez ceci à titre d’exemple uniquement)
J’ai besoin de sans cesse me prouver ma valeur, lorsque je suis en perte latente, je me sens nul et dévalorisé et ceci n’est pas acceptable. Je vais reculer mon stop, moyenner ou hedger ma position sans analyse ni raison logique, mais uniquement parce que la douleur infligée à mon ego est insupportable. Je gagne, je perds, peu importe l’issu de cette position précise, le trader joue avec le hasard et ne pourra pas construire une réussite stable et pérenne.
Le singe tellement frustré de ne pas avoir la liberté de répondre a son besoin directement et efficacement va chercher des moyens compensatoires pour limiter sa détresse et sa peine.
J’ai une mauvaise nouvelle, pour vous comme pour moi, nous avons tous perdu en chemin des libertés nécessaires à notre épanouissement et à notre réussite. La bonne nouvelle, c’est qu’il ne dépend que de nous de les récupérer ailleurs qu’en tradant.
Le trading, théâtre dramatique où nous jouons parfois notre valeur humaine en même temps que notre portefeuille, nous pousse dans nos retranchements les plus improbables.
Avoir la capacité de répondre à nos besoins sociaux en dehors du trading est donc une des clés essentielles à notre réussite.
Si vous souhaitez approfondir la question, je vous invite à vous inscrire à ma newsletter quotidienne https://neuro-trading.fr/, dans l’article suivant, nous ferons connaissance avec notre baleine.
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