La liberté de réussir
Dans les articles précédents, j’évoquais les différents niveaux de conscience sous forme d’étages décisionnels.
Aujourd’hui, nous visitons le dernier étage, le cortex préfrontal, notre baleine pour les intimes.
La baleine est super-puissante. Sa spécificité tient à sa structure de base : les neurones y établissent bien plus de connexions que dans les étages inférieurs . En mouvement constant, la baleine est un centre de gestion de l’information, mais elle ne stocke rien, elle renvoie le tout au singe qui tranche finalement.
Instinctivement, la baleine ne prend la main que lorsque la situation est nouvelle ou complexe.
Imaginez que notre conscience est une grande entreprise. Le boss, c’est le singe. Il a énormément de travail et il est habitué à trancher rapidement. Souvent, il se trouve dans des situations qu’il connaît, car il a une grande expérience, il a donc la possibilité de choisir très rapidement sans demander l’avis de la baleine. Mais parfois, la situation est complexe ou nouvelle et ça l’agace, alors, faisant preuve du déni qui lui est propre, il fait comme si tout était comme d’habitude, et il se passe de la baleine. Mais la baleine voit tout, et si elle se fait discrète et n’interviens que lorsqu’elle est sollicitée, il n’en demeure pas moins qu’elle sait que la gestion de cette situation lui revient et elle marque son mécontentement.
Il y a donc un conflit lavé entre le singe et la baleine : le boss ne veut pas perdre son temps à demander un avis et la baleine sait que la gestion de ce problème lui revient de droit.
Loin dans les étages inférieurs, le crocodile (qui doit répondre à la question : « dangereux, pas dangereux ? » ) observe ce conflit entre les huiles de la boite, et il panique. S’ils ne sont pas d’accord, nous sommes tous en danger, je vais donc tirer la sonnette d’alarme : le stress.
Pourquoi réussir en trading est tellement compliqué ?
Une des raisons tient à ce conflit de pouvoir entre la baleine et le singe. Par définition, nous ne connaissons pas l’avenir et toutes les configurations de marché sont nouvelles et complexes. Dans l’absolue, c’est donc la baleine qui doit traiter les informations entrantes de manière systématique.
Mais comme nous venons de le voir, le singe tient à son précarré et ne laisse pas la main aussi facilement pour une raison à la fois biologique et structurelle.
Lorsque la baleine pèse le pour, le contre ; étudie des variables et collecte tout un tas donnés plus ou moins utiles ; le singe, lui ne s’encombre pas et décide de manière automatique.
Le nombre d’informations pris en compte par la baleine est infini et elle a une capacité de traitement incomparable. Le singe est incapable de cumuler autant d’information en si peu de temps, mais il a un avantage énorme : le rythme.
Le singe répond bien plus vite au besoin décisionnel et dans la vie de tous les jours, il est plus efficace.
Imaginez, vous conduisez, et vous voyez un feu rouge. Le singe ne se pose pas de question, feu rouge, je rétrograde, je freine progressivement, je m’arrête. Si nous sollicitions la baleine à ce moment-là, elle utiliserait toutes les informations disponibles avant de se prononcer. À quelle vitesse roule les voitures autour, la route est faite avec quels matériaux, a-t-il plu, y a-t-il du vent, quelle heure est-il, suis je en retard … (etc) son délai de réponse est donc plus long et habituellement l’être humain ne peut pas se permettre ce luxe.
N’oublions pas d’où nous venons : l’être humain, qui n’a ni crocs, ni griffes, ni fourrure était extrêmement vulnérable dans la nature. Cette vulnérabilité a rendu l’homme très réactif, pour ne pas dire paranoïaque, et aussi très efficace : il a développé son cerveau de telle sorte qu’il puisse utiliser la baleine lorsque c’est nécessaire et réagir vite avec son singe en général.
En trading, lorsque votre singe s’exprime sans consulter votre baleine, vos paramètres internes (croyances, peurs, émotions) prennent plus de place que les informations externes (configuration de marché). Cela vous induit en erreur (ou vous « enduit d’erreur » … humour ! ) et cela génère un stress, base de nos réflexes de lutte ou de fuite.
L’enjeu revient donc à ce que la baleine obtienne le pouvoir qui lui revient de droit. Une des techniques pour y parvenir est de saturer le singe d’information, car lorsqu’il est dépassé, il consulte la baleine instinctivement.
Des exercices de concentrations peuvent donc être une piste intéressante à suivre, mais il y en a d’autres comme un changement de regard conscient sur les événements via des efforts de nuances ou une recherche curieuse ou une approfondit dans des domaines liés.
Cette série d’articles touche à sa fin. Je commencerai bientôt une nouvelle série, en attendant, si vous souhaitez approfondir notablement le sujet, sachez que j’ai publié un livre sur la question, disponible sur https://neuro-trading.fr/
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